Comment déjouer les tentatives de fraude ?

Lettres d'information | 2 août 2020

Les fraudes externes continuent de frapper les entreprises, voire se sont développées pendant la période de confinement. Pour les contrer, tous les collaborateurs doivent être mobilisés.

Vente de masques qui n’existent pas, hameçonnage via de faux programmes de visioconférence… Sans surprise, la crise sanitaire du Covid-19 a été le théâtre de nouvelles tentatives de fraude visant les entreprises. Mais si les scénarios imaginés ont été revisités pour coller à l’actualité, les techniques sont restées les mêmes. Raison pour laquelle il convient de revenir sur les principaux types de fraude qui, selon les dernières statistiques publiées par l’assureur Euler Hermes et la DFCG, ont affecté les entreprises en 2019.

 

La fraude au faux fournisseur : 48% des tentatives

Pierre travaille au service comptable d’une centrale d’achat alimentaire. Un jour, il reçoit un courriel d’un gros fournisseur, une coopérative agricole, qui lui indique un changement de coordonnées bancaires et de numéro de téléphone. Le courriel est signé par son interlocuteur habituel, M. Jean, le directeur administratif de la coopérative. Pierre compose le nouveau numéro. On lui indique que M. Jean est en déplacement et on lui confirme le changement de numéro de compte. Au cours des 6 mois suivants, Pierre met en paiement 3 factures pour un total de 230 000€. Un jour, M. Jean appelle Pierre car il n’a pas été payé. Ensemble, ils découvrent la fraude.

Comment se protéger ?

En cas de demande de changement de coordonnées bancaires d’un fournisseur, il faut, surtout si le nouveau compte est à l’étranger : 

  • contacter directement le fournisseur en question sans utiliser les coordonnées présentées dans le courriel ou le courrier papier ;
  • mettre en place un système de double validation pour tout changement de ce type.

Comment réagir ?

Si un virement vient d’être effectué, sans attendre, il convient :

  • d’alerter sa banque pour bloquer le paiement
  • de saisir les autorités
  • de prévenir le fournisseur.

 

La fraude au président : 38% des tentatives

Directeur financier de la filiale néerlandaise d’un groupe français de cinéma, Edwin reçoit un courriel venant de la direction générale française. Dans ce courriel, il est question de l’aquisition d’une société à Dubaï. Une opération qui doit être menée avec discrétion et rapidité au risque d’être compromise et qui nécessite que la filiale néerlandaise procède à une avance de fonds. Par prudence, Edwin en informe Derje, sa directrice. Puis, tous deux persuadés du caractère légitime de la demande, ils ordonnent plusieurs virements. La fraude ne sera détectée que quelques semaines plus tard. Au total, 19,2 M€ auront été détournés.

Comment se protéger ? 

  • La fraude au président est un cas typique d’abus de confiance. Elle s’appuie sur la connaissance que les fraudeurs ont de l’entreprise cible, sur la mise en place d’un scénario crédible et sur leur capacité à contrôler psychologiquement la personne qui, malgré elle, va devenir leur complice. Pour limiter ce risque de fraude, il faut :
  • assurer la confidentialité des organigrammes (au moins en extraire le nom et les coordonnées des responsables financiers et comptables)
  • limiter la communication de l’entreprise autour de ses partenariats et de ses grands projets
  • sensibiliser les salariés en leur présentant la mécanique de cette fraude
  • rappeler aux salariés qu’ils doivent systématiquement mettre en place une procédure de validation permettant de s’assurer de l’identité du demandeur et du caractère légitime de la demande (par exemple, contacter directement le chef d’entreprise, un cadre, le cabinet d’expertise comptable, même s’ils sont en vacances) quand la demande est insolite et/ou formulée par un interlocuteur inconnu faisant preuve d’insistance (flatterie, intimidation)
  • mettre en place un protocole de double signature ou un principe de supervision pour tout virement supérieur à 1000€

Comment réagir ?

Si le virement vient d’être effectué, il n’est pas trop tard. Les banques disposent, en effet, d’une possibilité de rappel des fonds durants les premières heures qui suivent l’ordre. Sans attendre, il convient :

  • d’alerter sa banque (y compris en dehors des heures d’ouverture, via son numéro d’urgence)
  • de saisir les autorités (la police dispose de services spécialisés)

 

Les cyber-fraudes : 29% des tentatives

Cadre administratif dans une société de transports de marchandises, Gilles est en télétravail depuis le début du confinement. Comme tous ses collègues dans le même cas, il passe plusieurs heures par jour à participer à des visioconférences. Et d’ailleurs, il vient de recevoir un courriel aux couleurs de Zoom. L’outil de visioconférence lui indique qu’il peut, pendant 48h, visionner l’enregistrement de la dernière réunion de direction. Une réunion à laquelle il n’a pas pu assister. Il se connecte, via ce courriel, sur une page d’accueil où ses codes et mots de passe Microsoft lui sont demandés. Il ne s’en étonne pas et les renseigne. Or, il n’accèdera jamais à l’enregistrement de la conférence mais apprendra, quelques jours plus tard, que le serveur de son entreprise a été victime d’une attaque qui a bloqué son fonctionnement pendant une semaine.

Comment se protéger ? 

  • Le phishing et les rançongiciels se répandent comme tous les logiciels malveillants. Dès lors, il convient :
  • de mettre à jour les antivirus et systèmes d’exploitation
  • de ne jamais ouvrir les pièces jointes des courriels douteux
  • d’effectuer une sauvegarde quotidienne des données stockées sur des supports déconnectés du réseau

Comment réagir ?

Dès qu’une machine est touchée, immédiatement, il faut :

  • la déconnecter du réseau
  • alerter les services techniques 
  • porter plainte
  • ne pas payer la rançon demandée

 

S’assurer contre la fraude, c’est possible.

Toutefois, le montant des primes demandées dépendant du niveau de protection atteint par l’entreprise, cette démarche doit venir en complément d’une série d’actions préventives déja menées.